Voici de larges extraits de l’allocution de la mairesse Colette Roy Laroche à l’ouverture de la séance de consultation publique tenue le lundi 11 mai 2015, sur les projets de PPU (Plan particulier d’urbanisme), de PIIA (Plan d’implantation et d’intégration architecturale), de PAE (Plan d’aménagement d’ensemble) et de zonage.

Nous sommes fiers de présenter des projets de règlements qui reflètent les consensus qui se dégagent des ateliers communautaires ainsi que des rencontres d’informations et d’échanges que nous avons tenues depuis le mois de mars 2014, dans le cadre de la démarche de participation citoyenne Réinventer la ville.

Nous sommes vraiment confiants de présenter des projets qui reflètent avec justesse les constats et les souhaits qui ont été majoritairement exprimés.

Ceux et celles qui ont participé à la démarche savent qu’on ne cherche pas à établir des constats unanimes. Ce serait impossible. L’unanimité est une notion de moins en moins atteignable à mesure que les groupes grandissent. Alors, c’est à toute fin impossible de l’obtenir lorsqu’on consulte la population de toute une ville et même, dans notre cas, de la région.

Ce que nous avons fait et continuons de faire, c’est de dégager les consensus les plus précis, ceux qui apparaissent lorsqu’on regroupe les points de vue concordants qui sont exprimés le plus souvent, et avec le plus d’insistance.

Cet exercice est basé sur le bien commun, pas sur une volonté individuelle ou des intérêts privés. Ce serait contraire à l’esprit de l’exercice démocratique.

Nous savons déjà que des voix s’élèvent pour déplorer un volet ou l’autre des propositions sur la table. Avant d’arrêter votre position, j’aimerais vous inviter tout d’abord à prendre connaissance des intentions derrière les projets, et des objectifs poursuivis.

Ensuite, nous ferons comme nous faisons depuis le début de notre démarche : nous entendrons avec intérêt les différents points de vue, et nous pourrons les intégrer dans notre réflexion d’ici l’adoption des règlements, que nous avons prévue pour le 1er juin.

Chose certaine, vous comprendrez qu’on ne peut pas à chaque fois reprendre la démarche à partir du début. Nous discutons depuis plus d’un an, et nous avons validé les consensus en assemblées publiques à mesure que nous avancions. Ces intentions, nous tentons du mieux que nous le pouvons de les traduire dans des projets qui sont bénéfiques à l’ensemble de la communauté.

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Nous avons toujours parlé d’un projet collectif qui vise la reconstruction du centre-ville sinistré et la relance de Lac-Mégantic. À nos yeux, l’un ne va pas sans l’autre. Nous n’avons certainement pas le droit, comme collectivité, de reprendre simplement où nous étions la veille de la tragédie. Aujourd’hui, j’ose dire que nous devons profiter de ce drame et de ses conséquences pour reconstruire en mieux, à tous points de vue.

Tout le monde a évidemment sa petite idée sur les moyens de faire mieux. Ce que nous mettons de l’avant, ce sont des aménagements qui créent les conditions favorables pour améliorer notre qualité de vie. Cela se réalisera en conciliant les aspects sociaux, environnementaux et économiques. C’est l’essence même du développement durable.

Ce que la démarche de participation citoyenne a permis de mettre en évidence, c’est une grande sensibilité à ces trois grands volets. Aux États généraux du 28 mars dernier, et dans les rapports des sept groupes de travail thématiques qui ont été mis en place en vue des États généraux, nous mesurons à quel point les citoyens sont sensibles au juste équilibre entre les volets social, environnemental et économique.

Les groupes de travail et les 300 participants aux différents sommets sectoriels nous ont clairement dit qu’il fallait marier ces préoccupations pour élaborer un projet d’ensemble harmonieux, où les Méganticois se retrouvent, et retrouvent un contexte favorable à leur épanouissement et au développement de leur ville.

Encore une fois, nous avons eu droit à une démonstration de l’intelligence et de la sagesse collectives dont nous sommes témoins depuis le début de la démarche de participation citoyenne.

Les groupes de travail ont identifié plusieurs défis importants auxquels nous faisons face à Lac-Mégantic et dans la MRC du Granit. Je me permets d’en partager quelques-uns :

  • Le vieillissement de notre population est plus important que dans l’ensemble du Québec, et le phénomène de vieillissement est aussi plus rapide. Dans la MRC, 52 % des citoyens ont 45 ans et plus. Ailleurs au Québec, c’est 45 %.
  • La ville et la région ne connaissent pas de croissance démographique. C’est même le phénomène inverse qui se produit. Selon les prévisions de l’Institut de la statistique du Québec, la croissance dans la MRC sera la plus faible de toute l’Estrie d’ici 2031, et une des plus faibles au Québec.
  • La ville et la région sont aussi caractérisées par la faible scolarisation de leur population, le manque d’emplois bien rémunérés et la faible diversification économique.

Selon une étude citée par le groupe Jeunesse, 40 % des jeunes croient qu’ils doivent quitter la région pour trouver un emploi qui convient à leurs aspirations. D’un autre côté, 63 % des jeunes choisiraient un emploi dans la région si les occasions se présentaient.

De son côté, le groupe Développement social a fait ressortir à quel point les zones directement situées autour du centre-ville de Lac-Mégantic sont défavorisées : plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

J’aimerais ajouter une autre information importante.

Lorsqu’on veut mesurer la santé générale d’une population, on cherche souvent à connaître le revenu personnel disponible des habitants d’un territoire donné. Ce revenu représente le montant dont dispose un individu pour subvenir à ses besoins pendant toute une année.

Dans la MRC du Granit, dont Lac-Mégantic est évidemment la ville-centre, ce revenu est dramatiquement bas.

  • Selon les plus récentes données, le revenu personnel disponible dans la MRC du Granit est de 22 227 $.
  • C’est 17 % moins élevé que dans l’ensemble du Québec. En l’espace de 10 ans seulement, nous avons beaucoup perdu : l’écart avec le Québec s’est creusé de 40 %.
  • Si on compare à la moyenne de l’Estrie, on constate que le revenu disponible dans le Granit est de 10 % inférieur. Le pire, c’est que là aussi, l’écart s’est creusé. En fait, il a doublé depuis 10 ans.

Cette situation est grave car cela maintient une grande partie de notre population dans la précarité, et ce phénomène n’est jamais favorable à l’épanouissement personnel et professionnel. Ce n’est pas non plus favorable au développement d’une communauté forte, qui est en mesure de faire vivre honorablement ses citoyens et de créer la richesse nécessaire pour répartir le poids des obligations financières entre le plus grand nombre de gens en mesure de contribuer.

Plusieurs projets ont été proposés pour diversifier les activités économiques à Lac-Mégantic et ainsi contribuer à rehausser notre profil socio-économique, qui a malheureusement chuté depuis une trentaine d’années. Nous ne pouvons continuer de nous en remettre aux seules activités traditionnelles, même si elles constituent une force indéniable de notre région et qu’elles sont absolument essentielles à notre vitalité.

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Ce que les projets d’aménagements permettront, c’est de mettre en place des conditions favorisant une meilleure qualité de vie et une diversification économique. Ainsi proposés, les aménagements constitueront un terreau fertile aux investissements privés et publics à Lac-Mégantic, dans le contexte de la reconstruction et de la relance dont nous parlons depuis un an et demi.